Ce soir, il pleuvra des étoiles

Ce soir, il pleuvra des étoiles

Ce spectacle musical est bâti autour d'anciennes chansons françaises, textes et témoignages datant des conflits de 1870, 14-18 et 39-45.

 

Avec émotion, humour et fantaisie, quatre jeunes revisitent notre mémoire et s'interrogent sur la violence du monde...

 

Un spectacle "inter-générations", s'adressant à tous, aux plus jeunes comme à nos aînés.


Quand la guerre se met à chanter...


 "C’est la Der des Ders !", disaient nos ancêtres au sortir de la Grande Guerre. Aujourd’hui, nos grands-parents se souviennent qu’il y a 70 ans, un dictateur marchait sur la France, et qu'on chantait « Maréchal, nous voilà ! » à la radio. « Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde ». Qu'en est-il de ces mots de Brecht aujourd'hui ? Est-il possible de faire parler le passé autrement que par les livres d'Histoire ?

Voici un spectacle conçu par de jeunes artistes autour des guerres de 1870, 14-18 et 39-45, à travers lettres poignantes et chansons d'époque, dans un style jazzy, avec bagout et énergie !



Un mot du metteur en scène



Spectacle de reprises, « Ce soir, il pleuvra des étoiles » se distingue par un répertoire rare et d'une grande densité, à la fois musicale et thématique. On y côtoie les horreurs de la guerre, mais aussi la recherche de l'évasion à tout prix. De chansons gaillardes en ballades romantiques, on y fait sans cesse le grand écart entre le désespoir et une légèreté des plus revigorantes.


Grand amateur de comédie musicale, j'ai souhaité en insuffler le rythme à la représentation. Il ne s'agit pas d'alléger les événements ou d'en diminuer la portée. Il s'agit de faire entrer le spectateur dans une farandole en apparence joyeuse et festive, mais qui sera systématiquement heurtée par la dureté des situations décrites. Il s'agit de le « brutaliser » par surprise, pour lui faire ressentir physiquement les déchirements imposés par les conflits évoqués.

 

Que ce soit en lettre ou en chanson, l'histoire, ici, commence presque toujours bien, mais elle finit presque toujours mal. Pourtant, les personnages se relèvent à chaque fois et continuent de croire en leur futur. Les jeunes gens qu'on découvrira sur scène vont tirer le meilleur de cette plongée dans la mémoire collective et donner au numéro final « C'est notre espoir » une portée profondément humaniste.

 

Patrick ALLUIN


Avec Marie-Pierre Rodrigue ou Rachel Pignot (chant)

et Alexandre Martin-Varroy ou Cyril Romoli (chant)
Piano : Romain Molist
Contrebasse : Alix Merckx

Mise en scène : Patrick Alluin
Chorégraphe : Mariejo Buffon
Conception : Alexandre Martin-Varroy
Création lumières : Eric Charansol
Costumes : Benjamin Lefebvre


Biographies

Artiste représenté par l'agence Cinéart, Isabelle Chapperon.


Baryton, Alexandre se forme au CNR d’Aubervilliers, puis au CRD de Pantin où il obtient son DEM. Il se perfectionne auprès de Nicolas Domingues et Michael Chance à Londres. Il débute dans les chœurs de l’Opéra Comique, puis chante entre autres Figaro dans Les Noces de Figaro de Mozart (m.e.s. par Yves Coudray) ; Landry dans Fortunio de Messager (m.e.s. par Nathalie Spinosi) ; Eole et Cléante dans Alceste de Lully (m.e.s. par Yves Coudray). Il vient de jouer et chanter dans Lost in the Stars de Kurt Weill (m.e.s. par Olivier Desbordes) et prépare Journey of the Magi, ainsi qu’un programme de mélodies de Britten à Zurich.


Alexandre est aussi comédien. Formé à l’École Claude Mathieu à Paris, il débute avec le rôle d’Aliocha dans Karamazov, adapté de Dostoïevski et mis en scène par Didier Carette au TNT. Depuis, il a travaillé avec Francis Azéma, Jacques Adjaje, Jean Bellorini, Marie Vaiana, Patrick Alluin, Sugeeta Fribourg, Roger Louret, Laurent Stachnick, Romain Pissenem et Manon Montel, avec lesquels il joue Dante, Molière, Racine, Corneille, Tchekhov, Beaumarchais, Courteline, Feydeau, Aristide Bruant, Wilde, Brecht, Saint-Exupéry, Geneviève Brisac, Daniel Danis etc.


Il est auteur et interprète du spectacle Ce soir, il pleuvra des étoiles, joué plus de 200 fois, labellisé par la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale, et vient de mettre en scène La Boîte à joujoux de Debussy (Salle Gaveau à Paris, décembre 2014), où il interprétait le rôle de Polichinelle en théâtre masqué.


Enfin, il est assistant artistique de Jean-François Zygel au Théâtre du Châtelet, pour Les Concerts de l’Improbable et ENIGMA, et sur France 2, pour les émissions de La Boîte à musique.

Québécoise, Marie-Pierre dépose ses valises à Paris en 2001 et intègre l'Ecole Claude Mathieu. Comédienne et chanteuse, elle travaille avec des compagnies dans des spectacles qui marient à la fois théâtre et chant.


Elle rejoint la compagnie du Sajou pour y jouer Insectomania et Va noyer ta mer, un spectacle de bouffon jeune public. Elle crée pour la compagnie du Théâtre Astral Le Robot de Toc, écrit et mis en scène par Denis Lefrançois. Elle joue également Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson et Poil de Carotte avec la compagnie Voix Public.


Elle participe au cycle Prévert avec la compagnie Les Frères Poussières : Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France et Encore une fois sur le fleuve, mis en scène par François Moreaux.

Pour l'association Les Concerts de Poche, elle intervient régulièrement en tant que comédienne dans des ateliers de sensibilisation au chant, à la musique classique et au jazz.


En 2013-2014, Marie-Pierre joue dans La Jeune Fille, le diable et le moulin d'Olivier Py (par la compagnie Voix Public) et dans Münchausen, mensonge collectif (Théâtre 13 et Théâtre de l'Opprimé).

C'est à l'âge de 8 ans, à Carcassonne, que Romain entreprend ses études de piano. Très vite fasciné par Thelonius Monk, Miles Davis, McCoy Tyner, Herbie Hancock et Keith Jarrett, il s'oriente vers le jazz et entre, en 1995, à l'école Music'hall de Toulouse. Là, il étudie l'improvisation avec de grands pédagogues tels que G. de Chassy, S. Agnel, R. Calleja et S. Casero.


En 2000, il s'installe à Paris afin de terminer des études de génétique (doctorat), et ne tarde pas à participer à différentes formations : Blue'In Jazz Quartet (avec Xavier Cobo), Gjaar Projekt, Trilogue, Quad Jazztet, Kaxaro (avec Carole Hémard) etc.


Il accompagne entre autres Margeaux Lampley et Jef Sicard.


Romain s'est produit dans de nombreux lieux de la scène jazz parisienne : Café Universel, Sunset, Sunside, Baiser Salé, Autour de midi, Houdon, CIM, Sept Lézards. Il participe également à plusieurs festivals : Musique en Baie, Festival de Jazz de Fleury-Mérogis, Jazz en Gally. Depuis 2002, il participe à la création du FAMM (Festival d'Albières des Musiques du Monde), dans l'Aude, en tant que directeur pédagogique et maître de stage.


En 2014, il accompagne à plusieurs reprises l'artiste de rock Herlok.


Discographie sélective :

Margeaux Lampley, Love For Sale, Fuchsia Jazz (2008)

Jean-Marc Andres, Havona Shores, Jean-Marc Andres (2007)


Blue'In, Camillia, FAMM Prod (2005)

Après une solide formation classique en violon et en contrebasse et de nombreuses sessions au sein de différents orchestres (Orchestre Pasdeloup, Orchestre Français des Jeunes, Orchestre de chambre Dionysos, Orchestre Divertimento), Alix s'ouvre à d'autres champs de la musique. Le jazz, avec le Big Band du conservatoire de Paris Xème, puis en trio au côté du pianiste Romain Molist et du batteur Alban Anselme (Trilogue), auquel s'ajoute régulièrement le saxophoniste Xavier Cobo. Elle se produit dans les clubs et les bars parisiens ainsi qu'au Festival de musique du monde d'Albières et au Festival d'Avranches.


La musique de scène devient un autre terrain de prédilection. Au côté de la comédienne Mady Mandelin, elle accompagne des lectures en improvisant au violon et à la contrebasse (La Fable du monde, de Supervielle, et deux romans de François Cheng lus à la Bibliothèque François Mitterrand). Elle participe à des spectacles de théâtre musical, A chacune son chacun et Deux Filles en aiguille, créations de Mathieu Lamboley et Blue Belhomme au Théâtre de l'Ile Saint-Louis et au Théâtre Darius Milhaud, ainsi que Ce soir, il pleuvra des étoiles, un spectacle articulé autour des chansons des trois grands derniers conflits de l'Histoire (1870, 14-18, 39-45).


Enfin, elle accompagne régulièrement des artistes de la chanson française. Elle participe aux concerts d'Eddy Mitchell à Bercy en janvier 2000. Elle se produit régulièrement avec le chanteur Jean-Claude Blahat, interprète des chansons de Brassens. Dans le cadre d'une émission consacrée à cet artiste, elle participe au trio composé de Joël Favreau et Jean-Jacques Franchin accompagnant les différents artistes venus interpréter une chanson de Brassens (Marcel Amont, Georges Moustaki, Eric Charden, Alain Chamfort, Juliette, Michel Jonasz, Renan Luce, etc.). Depuis quelques années, elle joue aux côtés du chanteur David Aron et participe aux spectacles hauts en couleur du groupe pour enfants Don Pedro et ses dromadaires, qui mêlent avec entrain différents styles de musique.

Revue de presse

Une malle, une armoire, un piano, une contrebasse. Tous recouverts d'un drap. Lorsque nos quatre personnages entrent en scène, la vie semble reprendre dans ce grenier abandonné. Quelques notes et nous voici transportés avec eux dans le contexte de la Belle Epoque, lors de la guerre franco-allemande de la fin du XIXème siècle. Plusieurs bonds dans le temps permettent ensuite de découvrir la réalité de la "Grande Guerre", puis les atrocités de la Deuxième Guerre mondiale...

 

Grâce à des témoignages écrits ou chantés, Ce soir, il pleuvra des étoiles, malgré son titre codé rempli d'une poésie tragique, peint une ébauche pointilliste d'un siècle et demi de conflits mondiaux. Une mise en scène qui porte l'émotion. Conçue par Alexandre Martin-Varroy (également acteur dans la pièce) et brillamment mise en scène par Patrick Alluin, cette œuvre singulière s'adresse tout autant aux témoins directs des différentes époques évoquées (le spectacle a longtemps été en résidence à l'Assistance Publique auprès des personnes âgées) qu'aux générations futures (Ce soir, il pleuvra des étoiles a reçu le soutien de la Ligue de l'Enseignement), afin de transmettre le flambeau de cette mémoire douloureuse en vers et en musique.

 

Les lumières tamisées d'Eric Charansol, les costumes sobrement rétro de Benjamin Lefebvre ainsi que les chorégraphies de Mariejo Buffon contribuent à créer un climat intimiste, parfois perturbé par des détonations d'obus ou par le pas saccadé d'une ligne de militaires. Si le spectateur est parfois un peu perdu dans la narration peu évidente du récit, on comprend vite que cette succession d'extraits agit comme la palette d'un impressionniste, par touches délicatement apposées, formant un ensemble chronologique des plus touchants.

 

De remarquables interprètes

 

Sans conteste, la principale force de Ce soir, il pleuvra des étoiles demeure dans la qualité de ses interprètes. Alexandre Martin-Varroy, qui joue le rôle principal en alternance avec Cyril Romoli, capture toute l'émotion des morceaux de vie qu'il nous conte et délivre ses monologues en les vivant avec une rare intensité. Tout aussi doué dans le chant, le jeune homme incarne divers personnages et dose humour et émotion avec talent, notamment sur certains airs très gais tels que Rosalie. Sa comparse, Marie-Pierre Rodrigue (qui alterne sur certaines dates avec Rachel Pignot), joue également la carte d'une interprétation et d'un chant sans faille.

 

De part et d'autre de la scène, les deux musiciens prennent également part au récit. Alix Merckx à la contrebasse et Romain Molist au piano interprètent une partition de variété avec des accents jazzy ou manouche qui sont les bienvenus, modernisant ainsi le répertoire de manière radicale mais en gardant intact tout son potentiel d'émotion.

 

Vingt-deux titres sont interprétés dans le spectacle et reprennent chronologiquement l'empreinte des époques qu'ils ont traversées. Entrecoupées de lecture de lettres personnelles, d'articles de presse (le fameux J'accuse de Zola), de déclarations politiques, les chansons ne permettent pas vraiment de faire avancer quelque intrigue que ce soit mais dépeignent une ambiance, une insouciance, ou au contraire toute l'inquiétude d'un moment de vie, ou d'Histoire.

 

Ce soir, il pleuvra des étoiles est un concentré d'émotions.

Malgré son sujet grave, une approche légère tout en finesse permet aux quatre comédiens-chanteurs-musiciens de nous emporter dans une revue historique teintée de nostalgie dramatique.

 

Pierre STRIL


MUSICAL AVENUE




Ce soir, il pleuvra des étoiles n'est pas une création, mais une re-création que nous propose Alexandre Martin-Varroy. On ne peut que saluer cette nouvelle réalisation, plus pointue et pertinente que la précédente qui était déjà très bien.

 

A travers des lettres et des chansons, nous traversons trois guerres, celles de 1870, de 14-18, de 39-45, soit un siècle de barbarie. La première version n'incluait pas le siège de Paris, la perte de l'Alsace-Lorraine. Tout ce qui justifiera la guerre suivante, qui elle-même implique la suivante. Comme le chantait Damia dans Tout fout l'camp : « Et là-haut les oiseaux, qui nous voient tout petits, si petits, tournent, tournent sur nous, et crient au fou ! Au fou ! ». Mis en scène par Patrick Alluin, interprété avec talent par Alexandre Martin-Varroy, Marie-Pierre Rodrigue, Romain Molist et Alix Merckx, ce spectacle est une belle réussite.

 

Marie-Céline NIVIERE


PARISCOPE




Un cocktail d'émotions

 

Ils sont quatre, jeunes, talentueux, qui se sont attaqués au thème difficile de la guerre et de la violence humaine.

Sur un tel sujet qui aurait pu mener à un spectacle plombant, ils ont réussi à faire une œuvre étonnante, légère, humoristique parfois, tout en n'occultant rien du tragique de la situation.

 

C'est littéraire et musical : les morceaux joués ou chantés sont parfois de Victor Hugo, Zola, Bruant ou d'inconnus qui ont vécu l'époque et parlent de Ferry, Clémenceau, Gambetta. C'est poétique et sensible, drôle et émouvant, dramatique et fantaisiste, poignant et léger.

 

Offrant une belle sélection de textes et chansons de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, le travail de recherche historique et d'adaptation d'Alexandre Martin-Varroy est considérable et remarquable.

Également interprète, ce dernier joue comme personne d'une belle palette d'émotions. Sa complice, Marie-Pierre Rodrigue, qui fait irrésistiblement penser à Mireille, est au diapason ainsi que les musiciens Romain Molist et Alix Merckx, véritables virtuoses. Ils sont tous les quatre exceptionnels, l'attention ne faiblit pas une seconde grâce à leur jeu et à la mise en scène vivante et originale de Patrick Alluin, magnifiée par les superbes lumières d'Eric Charansol.

 

Procédant par petites touches, s'appuyant sur les conflits de 1870, 14/18 et de 1940, avec comme fil conducteur la découverte de lettres dans la vieille malle d'un aïeul, ils nous font sentir sans noircir le trait l'absurdité et la cruauté de toute guerre.

 

Ils jouent, chantent et dansent avec un abattage remarquable et une complicité évidente, créant un univers qui touchera toutes les générations et se livrant ainsi à un beau travail de mémoire.

Le public n'est pas resté insensible comme l'ont prouvé les applaudissements nourris et chaleureux et les « bravos » qui ont jailli spontanément dans la salle lorsque les lumières se sont éteintes, saluant ce « message simple de paix et d'espoir ».

 

Un spectacle à voir de toute urgence.

 

Nicole BOURBON


REG'ARTS


On connaît « La victoire en chantant », mais Ce soir, il pleuvra des étoiles fait plutôt découvrir le revers de la médaille : la réalité du front pour les gens ordinaires, bien moins glorieuse que celle décrite dans les actualités officielles.

Au travers de textes et de chansons sélectionnés de façon très pertinente, le spectateur progresse dans la chronologie guerrière de 1870 à 1945 par petites touches successives et sur un mode plus impressionniste que narratif. Les férus d'Histoire y retrouveront facilement leur chemin, les autres se laisseront simplement porter par des textes intelligents, rythmés par des chansons pleines de bon sens populaire et, paradoxalement, de drôlerie. Le spectacle est interprété par une belle troupe menant tambour battant les monologues sans monotonie et les chansons sans fausse note.

 

Alexandre Martin-Varroy démontre brillamment que l'on peut faire du théâtre musical sans chercher à se surpasser vocalement, en restant très naturel. Marie-Pierre Rodrigue est plus académique, mais sa précision et sa puissance rappellent certaines voix un peu stridentes de Broadway qui raviront les connaisseurs. Ils sont accompagnés de deux musiciens au piano et à la contrebasse qui modernisent de fort belles mélodies d'avant-guerre et seraient capables de faire swinguer même un chant du cygne.

 

Enfin, il faut mentionner l'excellente mise en scène de Patrick Alluin, créant de beaux tableaux mis en lumière par Eric Charansol. Il pleut des étoiles, en effet, sur la scène du Douze !

 

Thomas SCHMIDT


REGARD EN COULISSE



D'après une idée originale d'Alexandre Martin-Varroy, Ce soir, il pleuvra des étoiles est un spectacle musical qui, au travers de reprises de chansons françaises, évoque les trois grands conflits qui ont marqué l'histoire contemporaine : celle de 1870 contre les prussiens, la "Der des Ders" et enfin la Deuxième Guerre mondiale.

 

Le sujet semble avoir été mille fois traité, de mille façons différentes, mais cette nouvelle approche a ceci d'original, qu'elle utilise la musique et la chansonnette populaire comme quasi unique vecteur de parole.

De rythmes jazz en guinguettes légères, en passant par des textes historiques et des documents de particuliers certainement retrouvés au fond des greniers, c'est notre histoire, celle qu'on écrit généralement avec un grand H, qui nous est dépeinte par petites touches, mais au travers des "petites" histoires, celles des "petites gens", celles du peuple qui a vécu et fait ces guerres, avec ses fils, ses filles, sa sueur et son sang. On passe ainsi sans cesse du rire aux larmes, d'une légèreté teintée d'espoir aux horreurs de la guerre, à l'image des sentiments qui secouaient les sociétés d'alors.

 

Mais si le spectacle fouille la mémoire collective, il ne faut pas croire qu'on parle avec nostalgie et au passé. C'est bien au présent que le spectacle est conçu, sans aucune véhémence ni implication politique, mettant en lumière l'universalité de la violence humaine et de ses conséquences, renvoyant chacun à sa propre responsabilité.

 

On est surpris, ainsi, qu'à partir d'un enchevêtrement de textes, qui au début peut sembler sans grande cohérence, surgisse un propos si fort, si construit.

 

Le tour de force est donc là : se servir de cette formidable malle à souvenirs que sont les chansons populaires, sans même un liant narratif, en les mettant juste en scène les unes indépendamment des autres, pour parler au spectateur d'aujourd'hui et lui montrer que les erreurs, les peurs, les espoirs d'hier, sont toujours d'actualité.

 

L'emploi de la musique touche directement les cœurs, jouant bien plus sur les émotions que mille discours réunis.

Sur scène ils sont quatre jeunes artistes, comédiens-interprètes qui jouent, dansent et chantent avec beaucoup d'énergie et de talent : Alix Merckx (contrebasse), Romain Molist (piano), Alexandre Martin-Varroy et Marie-Pierre Rodrigue.

 

A quatre, ils réussissent le pari de maintenir un rythme endiablé, sans pause ni temps mort, sans jamais en faire trop, sans tomber dans la mièvrerie, mais en nous touchant sans cesse.

 

Voilà donc un spectacle d'une grande qualité : très bien documenté, originalement et intelligemment monté, avec un propos fort et percutant, une mise en scène dynamique, et une interprétation juste et énergique.

Et en prime, on ressort de la salle un refrain aux lèvres.


Cécile BEYSSAC


FROGGY'S DELIGHT




Raconter les trois grands conflits ayant marqué l'Histoire contemporaine : de 1870 à 1945 en passant par la « Der des Der », à partir de textes d'époque, voilà ce que propose le spectacle musical Ce soir, il pleuvra des étoiles.

Véritable plongée dans l'histoire et la mémoire révélant un précieux et étonnant travail de recherche historique, c'est également un spectacle sensible et émouvant empreint d'humanisme.

 

Dans une totale obscurité, quelques notes de contrebasse bientôt accompagnées par les douces mélodies d'un piano parviennent aux oreilles du spectateur : ambiance jazzy et swing de rigueur. Deux personnes entrent en scène, portant une grande malle d'un aïeul. Elle contient lettres et chansons de son passé et son ouverture, telle la boîte de Pandore, déverse les maux de la guerre.

 

Une plongée dans l'Histoire


L'un des grands atouts de ce spectacle musical est de présenter une grande palette de textes et de chansons, généralement peu connus et écrits ou composées sur la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Durant 1h20, le spectateur peut ainsi se replonger dans l'histoire de la Troisième République et de ses principaux événements marquants, à commencer par la guerre franco-prussienne de 1870, puis la Belle Époque à travers un répertoire original. Tout de suite interpellé par Le Peuple d'Aristide Bruant, le spectateur se voit raconter le siège de Paris en 1870 par Victor Hugo, la guerre sur le front à travers la bataille de Reichshoffen, le boulangisme, l'affaire Dreyfus avec la célèbre lettre de Zola, J'accuse. Jules Ferry, Georges Clemenceau ou Léon Gambetta sont également de la partie, tout comme ces centaines de milliers de jeunes, partant la fleur au fusil pour la grande boucherie de 14-18, suite à l'avis de mobilisation. Si les histoires comptées et chantées commencent généralement bien, c'est souvent par l'horreur de la guerre qu'elles se terminent, lettres de poilus à l'appui. Vient ensuite la Seconde Guerre mondiale, l'exode des français fuyant l'avancée allemande sous le fracas des raids aériens et des bombardements, sans oublier la Shoah.


Ce sont ainsi des textes d'une grande diversité et portant un réel intérêt sur le plan historique mais également social, littéraire et musical, exposés à travers une mise en scène vivante et originale.

 

Un spectacle vivant et original


A travers l'évocation de ces trois grands conflits, il ne s'agit pas seulement de faire un travail de mémoire mais bien de toucher et de frapper le spectateur. Interprétés par quatre jeunes comédiens dynamiques et chevronnés, Ce soir, il pleuvra des étoiles est un spectacle de reprises à la fois comique, burlesque, poétique mais aussi profondément tragique. Entre désespoir et fantaisie, le spectateur ne peut rester insensible à cette manière originale et étonnante d'aborder la guerre et l'Histoire ainsi qu'à la découverte de ce panthéon méconnu de la chanson française.

 

A cet effet, Ce soir, il pleuvra des étoiles se veut intergénérationnel, sans sous-entendu ni compromis, pour délivrer un message de paix. Car si en ouvrant la fameuse boîte, Pandore déverse tous les maux de l'humanité, n'oublions pas qu'au fond de cette boîte, il reste aux humains l'espoir.


HISTOIRE POUR TOUS




Un spectacle à vous décrocher la lune

 

Conçu par de jeunes artistes, ce spectacle autour des guerres de 1870, 1914-18 et 1939-45 revisite les chansons françaises de ces époques, dans des styles épurés à jazzy. Travail de mémoire ou juste divertissement musical ? Peut-être bien un peu des deux.

 

Un grenier, une vieille armoire, une vieille malle, un piano et une contrebasse. Dans cet endroit tranquille où plus rien ne bouge, où les souvenirs reposent, où le passé se terre et se tait, une jeunesse impétueuse fait son entrée et réveille par le biais de lettres, de billets doux, de journaux ces mots et ces chants d'un temps où la guerre faisait rage.

Voici un spectacle qui redonne au mot « qualité » toute sa justesse. Des interprétations vocales au jeu dramatique, des arrangements musicaux aux choix des textes (car on découvre plus qu'on ne tombe dans les classiques déjà connus) : tout est à sa place et à un niveau d'exigence qui fait de ce spectacle un bon spectacle musical.

 

Visuellement épuré, des costumes aux décors, en passant par les effets lumières, le spectacle met aussi un bon coup de griffe à toutes les comédies musicales du moment, où on pense que la surenchère visuelle peut pallier à tout.

 

Même si le choix entre textes dramatiques et comiques est bien jaugé, aborder trois guerres si différentes pour tenter d'en faire un propos universel ne se résume qu'à un « survol ». On ne nous transmet alors que par éclats, comme des obus, cette ambiance d'antan, presque hermétique, sans en vivre réellement l'horreur ou la joie.

 

Saluons ici l'interprétation fabuleuse d'Alexandre Martin-Varroy qui est aussi à la conception de ce spectacle qui vous fera passer un très agréable moment.

 

Samuel GANES


VISIO SCENE

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